L’évolution du plein air dans le monde et au Québec
L’origine du plein air est lointaine et certains pourraient identifier ses premiers balbutiements aux prouesses des Hannibal, Pétrarque, Champlain ou Magellan.
Nous avons schématisé son évolution en trois grandes époques :
Nous avons schématisé son évolution en trois grandes époques :
- La naissance et le romantisme
- Le développement et le mouvement naturiste
- L’évolution et la diversification du plein air
La naissance et le romantisme (1750-1875)
Un changement philosophique important de la vision du monde se produit avec le romantisme et incite à la découverte de territoires inconnus et inaccessibles, reflétant le merveilleux, le fantastique et le mystérieux de la vie. Il sera le déclencheur de pratiques que nous appelons aujourd’hui «plein air». Cette modification de la perception de la nature est le prélude nécessaire à l’arrivée du plein air, car les monts ou les cavernes deviennent sources d’émerveillement et non plus des territoires peuplés de monstres mythiques (Schut, 2006). Dès lors, la spéléologie et l’alpinisme se développent au sein de sociétés savantes et évolueront en loisir que nous connaissons aujourd’hui.
Ce changement de vision de la nature inspire les vocations et le 8 août 1786, après 25 ans d’effort, Jacques Balmat et le docteur Michel Paccard foulent le toit de l’Europe (Mont Blanc, 4 807 m). En 1821, suite à un grave accident de montagne, la compagnie des guides de Chamonix est fondée; c’est la première structure officielle d’accompagnement de personnes en montagne. Dès lors, c’est l’explosion et la course aux sommets. L’époque s’étendant de 1850 à 1865 est d’ailleurs considérée comme l’« âge d’or » de l’alpinisme et près de 180 sommets majeurs seront conquis en onze ans. À cette époque, il n’y a pas de distinction entre les milieux anglophone et francophone, l’évolution du plein air est, dans ces grandes lignes, semblable. (voir figure 1).
Ce changement de vision de la nature inspire les vocations et le 8 août 1786, après 25 ans d’effort, Jacques Balmat et le docteur Michel Paccard foulent le toit de l’Europe (Mont Blanc, 4 807 m). En 1821, suite à un grave accident de montagne, la compagnie des guides de Chamonix est fondée; c’est la première structure officielle d’accompagnement de personnes en montagne. Dès lors, c’est l’explosion et la course aux sommets. L’époque s’étendant de 1850 à 1865 est d’ailleurs considérée comme l’« âge d’or » de l’alpinisme et près de 180 sommets majeurs seront conquis en onze ans. À cette époque, il n’y a pas de distinction entre les milieux anglophone et francophone, l’évolution du plein air est, dans ces grandes lignes, semblable. (voir figure 1).
Le développement et le mouvement « naturiste » (1875-1940)
Le début du «plein air», tel que nous le concevons aujourd’hui, prend ses racines dans la réaction médico-naturiste à l’ère industrielle. Outre le romantisme, une bonne part de son origine découle des conditions de vie dans les villes à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle ; l’Europe voit ses agglomérations grossir et devenir des environnements pollués dont les normes d’hygiène déficientes contribuent au développement de maladie comme la tuberculose. Les pratiques corporelles tournées vers la nature émergent de la quête d’air pur et du besoin d’évasion loin du contexte moderne (Sirost, 2001).
Voilà qu’après l’alpinisme, le camping est la deuxième forme de plein air à se développer dans le «naturisme», considéré comme un mouvement romantique d’éloge à la nature rédemptrice (Villaret & Saint-Martin, 2004). À ce moment, les milieux francophone et anglophone ne sont pas encore distincts et les termes utilisés pour parler du plein air sont «mouvement de camping organisé». On en retrouve une des premières évocations dans le travail de Laura Mattoon ou celui de M. et Mme Gunn qui dirigeaient l’école Gunnery au Connecticut (1861-1881) et qui ont développé l’un des tout premiers programmes éducatifs utilisant le camping (Miles & Priest, 1999). Ces auteurs indiquent aussi qu’au XIXe siècle, l’utilisation de l’aventure et du plein air se retrouve dans le mouvement de «camping organisé», défini comme une expérience qui offre des opportunités de créativité, de loisir et d’éducation par la vie en plein air en groupe. C’est le début de la pratique du plein air dans des structures organisées.
En Europe, le camping se conjugue également avec le concept de «colonie de vacances». En 1876, le pasteur suisse Bion organise la première colonie de vacances pour enfants dans les monts Appenzell, en Suisse. Puis, le mouvement se poursuivra dans la majorité des pays européens en favorisant les aspects pédagogiques et thérapeutiques de cette pratique visant à fortifier le corps. À ce moment, le voyage scolaire est vu comme un divertissement pédagogique ou simplement une récompense (Theodorou & Karakatsani, 2007).
Les expériences de camping se poursuivront au début du XXe siècle sous plusieurs formes et dans pratiquement tous les pays européens et aux États-Unis, en particulier en Angleterre avec le mouvement « scout ». Toutefois, le milieu scolaire est peu touché par l’utilisation du camping, mais une exception est à souligner. Dans l’esprit du naturisme et sous le sceau d’une logique médicale cohérente avec cette philosophie, des écoles à vocation particulière se développent en Europe : les « écoles en plein air » (E.P.A.). Les contenus pédagogiques et les applications hygiéniques en vigueur dans les E.P.A. en seront directement influencés. Le programme éducatif est dès lors déterminé par le séjour à l’extérieur, pendant les leçons, le mobilier étant mobile et permettant d’enseigner à l’extérieur pratiquement en tout temps (Châtelet, Lerch, & Luc, 2003). Toutefois, les auteurs anglophones n’établissent pas de relation entre le camping et les philosophies romantiques et le naturisme. Tout au plus, Miles et Priest signalent que, même si plusieurs chercheurs identifient l’origine de l’éducation par l’aventure comme débutant avec Kurt Hahn, le fondateur d’Outward Bound, les racines sont beaucoup plus grandes, profondes et riches.
Dans la période de 1900 à 1940, l’émergence de deux philosophies importantes viennent jeter les bases théoriques du plein air anglophone, soit celle de John Dewey et son apprentissage par l’expérience, « Learning by doing » (Panicucci, Collinson, & Prouty, 2007) et William James, philosophe et psychologue qui écrira un essai sur la guerre comme source du développement des vertus les plus nobles chez l’homme (Miles & Priest, 1999). Dès lors, le développement sera distinct entre les milieux anglophone et francophone.
Du côté francophone, outres les E.P.A., la « méthode naturelle » de George Hébert en éducation physique se développe et influence le mouvement scout de France (Villaret & Delaplace, 2003). Cette démarche trouve son aboutissement en 1936 avec la publication du premier tome de L’éducation physique, virile et morale par la Méthode naturelle. « Hébert n’hésite pas alors à rappeler ses sources d’inspirations : "La culture de la santé est inséparable de la connaissance des principes de vie naturiste" »(Villaret & Delaplace, 2003).
Les milieux francophone et anglophone ne se développent pas de la même manière dès la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Ainsi, l’évolution du plein air comme moyen d’intervention reposera sur des conceptions et philosophies différentes : le milieu francophone demeurant attaché au mouvement naturiste et le milieu anglophone s’élaborant autour de philosophies de l’éducation liées au courant pragmatiste dont William James est un auteur important.
Voilà qu’après l’alpinisme, le camping est la deuxième forme de plein air à se développer dans le «naturisme», considéré comme un mouvement romantique d’éloge à la nature rédemptrice (Villaret & Saint-Martin, 2004). À ce moment, les milieux francophone et anglophone ne sont pas encore distincts et les termes utilisés pour parler du plein air sont «mouvement de camping organisé». On en retrouve une des premières évocations dans le travail de Laura Mattoon ou celui de M. et Mme Gunn qui dirigeaient l’école Gunnery au Connecticut (1861-1881) et qui ont développé l’un des tout premiers programmes éducatifs utilisant le camping (Miles & Priest, 1999). Ces auteurs indiquent aussi qu’au XIXe siècle, l’utilisation de l’aventure et du plein air se retrouve dans le mouvement de «camping organisé», défini comme une expérience qui offre des opportunités de créativité, de loisir et d’éducation par la vie en plein air en groupe. C’est le début de la pratique du plein air dans des structures organisées.
En Europe, le camping se conjugue également avec le concept de «colonie de vacances». En 1876, le pasteur suisse Bion organise la première colonie de vacances pour enfants dans les monts Appenzell, en Suisse. Puis, le mouvement se poursuivra dans la majorité des pays européens en favorisant les aspects pédagogiques et thérapeutiques de cette pratique visant à fortifier le corps. À ce moment, le voyage scolaire est vu comme un divertissement pédagogique ou simplement une récompense (Theodorou & Karakatsani, 2007).
Les expériences de camping se poursuivront au début du XXe siècle sous plusieurs formes et dans pratiquement tous les pays européens et aux États-Unis, en particulier en Angleterre avec le mouvement « scout ». Toutefois, le milieu scolaire est peu touché par l’utilisation du camping, mais une exception est à souligner. Dans l’esprit du naturisme et sous le sceau d’une logique médicale cohérente avec cette philosophie, des écoles à vocation particulière se développent en Europe : les « écoles en plein air » (E.P.A.). Les contenus pédagogiques et les applications hygiéniques en vigueur dans les E.P.A. en seront directement influencés. Le programme éducatif est dès lors déterminé par le séjour à l’extérieur, pendant les leçons, le mobilier étant mobile et permettant d’enseigner à l’extérieur pratiquement en tout temps (Châtelet, Lerch, & Luc, 2003). Toutefois, les auteurs anglophones n’établissent pas de relation entre le camping et les philosophies romantiques et le naturisme. Tout au plus, Miles et Priest signalent que, même si plusieurs chercheurs identifient l’origine de l’éducation par l’aventure comme débutant avec Kurt Hahn, le fondateur d’Outward Bound, les racines sont beaucoup plus grandes, profondes et riches.
Dans la période de 1900 à 1940, l’émergence de deux philosophies importantes viennent jeter les bases théoriques du plein air anglophone, soit celle de John Dewey et son apprentissage par l’expérience, « Learning by doing » (Panicucci, Collinson, & Prouty, 2007) et William James, philosophe et psychologue qui écrira un essai sur la guerre comme source du développement des vertus les plus nobles chez l’homme (Miles & Priest, 1999). Dès lors, le développement sera distinct entre les milieux anglophone et francophone.
Du côté francophone, outres les E.P.A., la « méthode naturelle » de George Hébert en éducation physique se développe et influence le mouvement scout de France (Villaret & Delaplace, 2003). Cette démarche trouve son aboutissement en 1936 avec la publication du premier tome de L’éducation physique, virile et morale par la Méthode naturelle. « Hébert n’hésite pas alors à rappeler ses sources d’inspirations : "La culture de la santé est inséparable de la connaissance des principes de vie naturiste" »(Villaret & Delaplace, 2003).
Les milieux francophone et anglophone ne se développent pas de la même manière dès la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Ainsi, l’évolution du plein air comme moyen d’intervention reposera sur des conceptions et philosophies différentes : le milieu francophone demeurant attaché au mouvement naturiste et le milieu anglophone s’élaborant autour de philosophies de l’éducation liées au courant pragmatiste dont William James est un auteur important.
L’évolution et la diversification du plein air, de 1940 à nos jours
Cette troisième période de développement du plein air se distingue par une grande diversification des approches dans le milieu anglophone, comme l’illustre le graphique de l’évolution historique du plein air (figure 1). De nombreux auteurs sont issus du développement du plein air aux États-Unis en particulier. Pour sa part, le milieu francophone évolue de manière différente et nous élaborerons les moments importants de cette évolution différenciée en ce qui concerne le Québec.
Le milieu anglophone
Le développement du plein air dans le milieu anglophone doit beaucoup à la Deuxième Guerre mondiale et à Kurt Hahn pionnier et fondateur de la formation par l’aventure. Né en 1886 en Allemagne de parents juifs, il crée l’école Salem (paix) en 1920, qui fait la promotion de l’égalité, de la justice, du respect et du service à la communauté. Avec l’arrivée du nazisme et des persécutions, Hahn s’exile en Angleterre et ouvre une école spécialisée du nom d’Outward Bound en 1940 afin d’aider les jeunes marins à développer des attitudes qui leur sauveront la vie lors de problèmes en mer (Panicucci et coll., 2007). Cette première structure officielle d’éducation par l’aventure formalise l’utilisation du plein air comme moyen d’éducation. En 1962, les principes de Hahn sont importés aux États-Unis par Josh Miner.
Une grande étape du développement et de la spécialisation de l’offre de formations et de séjours d’aventure se réalise après l’implantation de l’école Outward Bound aux États-Unis. Plusieurs branches du mouvement du plein air se développent comme l’école de formation des responsables de groupe (National Outdoor Leader School, Paul Petzoldt, 1965) et « Project Adventure » (1971) qui se spécialise dans l’adaptation des formations d’Outward Bound pour le milieu scolaire (Miles & Priest, 1999); (Panicucci et coll., 2007).
L’histoire du plein air au Québec débute dans la communauté anglophone. Les premiers exemples d’activités organisées en plein air remontent à 1929 avec l’un des plus vieux clubs de ski au Canada, le Club Viking (Morin Heights). Puis dans les années 1930, l’Université McGill organise des séjours d’une semaine en plein air. John Passmore souligne aussi qu’en 1953, l’un des plus vastes centres de plein air au Canada (2 285 acres), situé au mont Saint-Hilaire, sera légué à l’Université McGill par Andrew Hamilton Gault.
Une grande étape du développement et de la spécialisation de l’offre de formations et de séjours d’aventure se réalise après l’implantation de l’école Outward Bound aux États-Unis. Plusieurs branches du mouvement du plein air se développent comme l’école de formation des responsables de groupe (National Outdoor Leader School, Paul Petzoldt, 1965) et « Project Adventure » (1971) qui se spécialise dans l’adaptation des formations d’Outward Bound pour le milieu scolaire (Miles & Priest, 1999); (Panicucci et coll., 2007).
L’histoire du plein air au Québec débute dans la communauté anglophone. Les premiers exemples d’activités organisées en plein air remontent à 1929 avec l’un des plus vieux clubs de ski au Canada, le Club Viking (Morin Heights). Puis dans les années 1930, l’Université McGill organise des séjours d’une semaine en plein air. John Passmore souligne aussi qu’en 1953, l’un des plus vastes centres de plein air au Canada (2 285 acres), situé au mont Saint-Hilaire, sera légué à l’Université McGill par Andrew Hamilton Gault.
Le milieu francophone
Le milieu du plein air francophone se développe d’une manière différente. En France, les facteurs d’influence que sont l’hébertisme et le mouvement naturiste continueront d’imprégner le développement du plein air avec les colonies de vacances et l’utilisation du camping, encouragés et encadrés par des lois et des règlements (Penin, 1984). Notons que l’influence du romantisme et du naturisme se fait toujours sentir et que dès 1953, les classes de découvertes en nature sont encouragées et de mieux en mieux structurées et ce, jusqu’à aujourd’hui (Chauvin, 2003).
Dans le milieu francophone québécois, il faut attendre l’arrivée de la révolution tranquille (années 1960) et de l’école publique obligatoire pour que des directives ministérielles officielles appuient la pratique du plein air dans les écoles (Passmore, 1973). Avant la révolution tranquille, les Québécois étaient des habitués de la forêt comme dans ce film de l'ONF sur les draveurs.
Dans le milieu francophone québécois, il faut attendre l’arrivée de la révolution tranquille (années 1960) et de l’école publique obligatoire pour que des directives ministérielles officielles appuient la pratique du plein air dans les écoles (Passmore, 1973). Avant la révolution tranquille, les Québécois étaient des habitués de la forêt comme dans ce film de l'ONF sur les draveurs.
L’influence européenne, plus particulièrement l’influence française, se fera sentir avec le début des classes neige (popularisation du ski alpin), des classes vertes (printemps) et rouges (automne) et d’initiatives individuelles d’enseignants ou de certaines écoles (Grenier & Quenneville, 1987).
Avec les investissements gouvernementaux découlant de la venue des Olympiques à Montréal (1976), des dizaines de clubs et de fédérations voient le jour, comme le club de canot-camping « Les Portageurs » en 1963, et la Fédération du canot-camping en 1969. Les années qui suivirent la création de ces organismes sont aussi l’époque des premières expéditions vers le Grand Nord; l’Île Ellesmere en 1972, la Terre de Baffin, la tentative de traversée du nord au sud du Québec (A. Laperrière et son équipe, 1976), la traversée épique en ski de fond Hull-Gaspé en 1984 et la traversée Montréal-Baie-d’Ungava en rabaska en 1982. Nous pouvons peut-être y voir l’impact du mouvement de retour aux sources et à la terre des années 1970 (Grenier & Quenneville, 1987), mais plus assurément la découverte d’un univers inconnu des Québécois francophones.
Le plein air québécois se développe sous l’influence d’une poignée d’aventuriers ; Les Gougoux, Laperrière, Blais et Thivierge, font la une des journaux et stimulent son développement. Notons que cette évolution s’est faite par l’expérience pratique et en vase clos. La pratique du plein air semble avoir été peu influencée par les auteurs anglophones, la barrière de la langue y étant sûrement pour quelque chose (Grenier & Quenneville, 1987).
À partir des années 90, un nouveau joueur arrive dans le portrait du plein air au Québec avec le développement du tourisme d’aventure. L’association de producteur en tourisme d’aventure « Aventure Écotourisme Québec » (AEQ) est créée afin d’encadrer le développement de ce nouveau domaine de pratique des
activités de plein air. C’est le début de la popularisation des activités de plein air.
Avec les investissements gouvernementaux découlant de la venue des Olympiques à Montréal (1976), des dizaines de clubs et de fédérations voient le jour, comme le club de canot-camping « Les Portageurs » en 1963, et la Fédération du canot-camping en 1969. Les années qui suivirent la création de ces organismes sont aussi l’époque des premières expéditions vers le Grand Nord; l’Île Ellesmere en 1972, la Terre de Baffin, la tentative de traversée du nord au sud du Québec (A. Laperrière et son équipe, 1976), la traversée épique en ski de fond Hull-Gaspé en 1984 et la traversée Montréal-Baie-d’Ungava en rabaska en 1982. Nous pouvons peut-être y voir l’impact du mouvement de retour aux sources et à la terre des années 1970 (Grenier & Quenneville, 1987), mais plus assurément la découverte d’un univers inconnu des Québécois francophones.
Le plein air québécois se développe sous l’influence d’une poignée d’aventuriers ; Les Gougoux, Laperrière, Blais et Thivierge, font la une des journaux et stimulent son développement. Notons que cette évolution s’est faite par l’expérience pratique et en vase clos. La pratique du plein air semble avoir été peu influencée par les auteurs anglophones, la barrière de la langue y étant sûrement pour quelque chose (Grenier & Quenneville, 1987).
À partir des années 90, un nouveau joueur arrive dans le portrait du plein air au Québec avec le développement du tourisme d’aventure. L’association de producteur en tourisme d’aventure « Aventure Écotourisme Québec » (AEQ) est créée afin d’encadrer le développement de ce nouveau domaine de pratique des
activités de plein air. C’est le début de la popularisation des activités de plein air.
Popularité actuelle des activités de plein air
Le plein air de masse se développe à partir des années 1990, mais il est difficile de cerner précisément le moment de l’éclosion de cet intérêt pour le plein air et ses raisons sous-jacentes. L’essor des sports extrêmes, comme l’escalade intérieure, dont l’invention des structures artificielles remonte aux années 1980, semble y avoir joué un rôle majeur. D’ailleurs, les statistiques étasuniennes de l’association de marchand de matériel de sport, « Sporting Goods Manufacturers Association », le démontrent bien. Entre 1998 et 2005, on observe une augmentation de la pratique de 88, 9% pour l’escalade, de 98,9% pour le kayak de rivière et de 90,5% pour le surf (SGMA, 2007).
La nouveauté de la pratique du plein air est illustrée aussi par l’intérêt de cette association de marchands pour la pratique d’activités de plein air qui n’étaient pas inventoriées dans les enquêtes précédant l’année 2008 (randonnée à la journée, randonnée avec coucher extérieur, escalade sportive, escalade extérieure, kayak de rivière, kayak de mer, etc.). Autre donnée significative, le sommet de l’Everest est visité par des centaines de personnes chaque année depuis 1998 alors qu’au début des années 1990, à peine 50 personnes s’y rendaient chaque année (“Everesthistory,” 2009).
Du côté canadien et québécois, signalons que peu de données sont disponibles, mais que la pratique du plein air est en expansion et s’est répandue largement hors du milieu fédéré créant un marché à fort potentiel pour l’entreprise privée (CQL, 2004). Notons aussi que dans une étude du Ministère des Ressources naturelles et de la Faune, 2,4 millions de Québécois s’identifient comme adeptes des activités de plein air et que 1,9 million se disent intéressés par ces activités, ce qui démontre bien l’importance de ce domaine (Ministère des ressources naturelles du Québec, 2006).
La pratique des activités de plein air s’est donc fortement démocratisée. D’activités élitistes ou destinées à des aventuriers qui n’ont pas froid aux yeux, le plein air est devenu une pratique « normale » pour de nombreux Québécois.
En conclusion, l’évolution historique du plein air permet de dégager le constat suivant. Suite à une période de développement ayant les mêmes caractéristiques pour tous, le milieu anglophone étasunien a développé, à partir des années 40, une vision globale structurée de l’intervention en plein air, soutenue par des bases philosophiques différentes de celles du milieu francophone. Ces deux milieux se sont développés de manière différente et l’apport des auteurs étasuniens ne semble pas présent dans la pratique du plein air francophone. Toutefois, cela ne semble pas affecté la popularité croissante de ces activités qui se fait sentir dans les tous les milieux.
La nouveauté de la pratique du plein air est illustrée aussi par l’intérêt de cette association de marchands pour la pratique d’activités de plein air qui n’étaient pas inventoriées dans les enquêtes précédant l’année 2008 (randonnée à la journée, randonnée avec coucher extérieur, escalade sportive, escalade extérieure, kayak de rivière, kayak de mer, etc.). Autre donnée significative, le sommet de l’Everest est visité par des centaines de personnes chaque année depuis 1998 alors qu’au début des années 1990, à peine 50 personnes s’y rendaient chaque année (“Everesthistory,” 2009).
Du côté canadien et québécois, signalons que peu de données sont disponibles, mais que la pratique du plein air est en expansion et s’est répandue largement hors du milieu fédéré créant un marché à fort potentiel pour l’entreprise privée (CQL, 2004). Notons aussi que dans une étude du Ministère des Ressources naturelles et de la Faune, 2,4 millions de Québécois s’identifient comme adeptes des activités de plein air et que 1,9 million se disent intéressés par ces activités, ce qui démontre bien l’importance de ce domaine (Ministère des ressources naturelles du Québec, 2006).
La pratique des activités de plein air s’est donc fortement démocratisée. D’activités élitistes ou destinées à des aventuriers qui n’ont pas froid aux yeux, le plein air est devenu une pratique « normale » pour de nombreux Québécois.
En conclusion, l’évolution historique du plein air permet de dégager le constat suivant. Suite à une période de développement ayant les mêmes caractéristiques pour tous, le milieu anglophone étasunien a développé, à partir des années 40, une vision globale structurée de l’intervention en plein air, soutenue par des bases philosophiques différentes de celles du milieu francophone. Ces deux milieux se sont développés de manière différente et l’apport des auteurs étasuniens ne semble pas présent dans la pratique du plein air francophone. Toutefois, cela ne semble pas affecté la popularité croissante de ces activités qui se fait sentir dans les tous les milieux.
Portrait de la pratique du plein air aujourd’hui
La situation actuelle du plein air est assujettie à une forte poussée de la popularité de ces activités auprès de la population. L’augmentation de la performance du matériel et l’accès à des informations précises influencent aussi cette hausse du nombre d’adepte et a comme répercussion l’élévation des risques encourus et du nombre d’accidents. Cette situation entraîne des impacts sur les organismes et soulève des questions en ce qui concerne le milieu scolaire.
L’amélioration de la performance du matériel rend certains lieux de pratique accessibles. Par exemple, le canot de fibre de verre a été remplacé par des dérivés du pétrole (ABS, polyéthylène, etc.) qui offrent une meilleure résistance aux chocs, ce qui permet de descendre des sections de rapides très difficiles sans briser le canot contre les rochers. En escalade, l’arrivée des murs intérieurs a permis d’initier des centaines de personnes dans un milieu contrôlé, en toutes saisons. Cependant, l’amélioration des performances du matériel rend accessible des lieux qui étaient auparavant hors de portée du pratiquant débutant ou intermédiaire. Le matériel vient supporter le désir d’aventure chez les adeptes et leur ouvre des horizons nouveaux.
L’accès à l’information est le deuxième élément qui vient modifier la pratique. Stimulé par les films et les vidéos d’adeptes défiant la nature (Festival du film de montagnes de Banff, Festival international du film d’aventures de Montréal, etc.) et le marketing associé aux activités de plein air, l’intérêt de l’adepte pour des destinations « exotiques » (éloignement, difficulté, etc.) est en hausse de même que l’offre de services de guidage ou d’information. L’Internet a entre autre fortement contribué à rendre les fournisseurs de services, de même que les lieux de pratiques plus accessibles (comment s’y rendre, coûts, services disponibles sur place, etc.). Le contenu est précis et régulièrement mis à jour, souvent par l’apport des adeptes eux-mêmes, comme sur le site « www.cartespleinair.org ».
La popularité, l’amélioration du matériel, l’information et le marketing ont eu des impacts dont l’augmentation du niveau de risque des activités de plein air et le nombre d’accidents qui en découle.
L’amélioration de la performance du matériel rend certains lieux de pratique accessibles. Par exemple, le canot de fibre de verre a été remplacé par des dérivés du pétrole (ABS, polyéthylène, etc.) qui offrent une meilleure résistance aux chocs, ce qui permet de descendre des sections de rapides très difficiles sans briser le canot contre les rochers. En escalade, l’arrivée des murs intérieurs a permis d’initier des centaines de personnes dans un milieu contrôlé, en toutes saisons. Cependant, l’amélioration des performances du matériel rend accessible des lieux qui étaient auparavant hors de portée du pratiquant débutant ou intermédiaire. Le matériel vient supporter le désir d’aventure chez les adeptes et leur ouvre des horizons nouveaux.
L’accès à l’information est le deuxième élément qui vient modifier la pratique. Stimulé par les films et les vidéos d’adeptes défiant la nature (Festival du film de montagnes de Banff, Festival international du film d’aventures de Montréal, etc.) et le marketing associé aux activités de plein air, l’intérêt de l’adepte pour des destinations « exotiques » (éloignement, difficulté, etc.) est en hausse de même que l’offre de services de guidage ou d’information. L’Internet a entre autre fortement contribué à rendre les fournisseurs de services, de même que les lieux de pratiques plus accessibles (comment s’y rendre, coûts, services disponibles sur place, etc.). Le contenu est précis et régulièrement mis à jour, souvent par l’apport des adeptes eux-mêmes, comme sur le site « www.cartespleinair.org ».
La popularité, l’amélioration du matériel, l’information et le marketing ont eu des impacts dont l’augmentation du niveau de risque des activités de plein air et le nombre d’accidents qui en découle.