L'histoire...
La « préhistoire » de l’alpinisme
Tout ceci débute bien avant l’avènement des hélicoptères et du nylon, des thermos et des bouillottes. Certains se risquent même à démarrer l’histoire de l’alpinisme à plus de quatre siècles avant Jésus Christ. En effet, bien que cette époque fut peu médiatisée, (vous en doutiez?) certaines gravures nous prouvent que, motivés fort souvent par des exploits guerriers, des relations économiques ou encore par des pèlerinages religieux, des aventuriers foulèrent le sol des sommets. Bien avant Edmund Hillary, à qui l’on doit l’Everest, où Achille Compagnoni qui vint à bout du deuxième sommet du monde, le K2, il est prouvé que les sols de l’Etna, du Mont Argée, du Mont Haemus et du Canigou furent foulés à cette époque. Leurs « conquérants » nous sont évidemment inconnus.
Les premières conquêtes
De manière héroïque, Hannibal franchit les Alpes en l’an 218 av. J.C. avec 9000 soldats, des chevaux et 37 éléphants! L’empereur Adrien se rendra, deux ans plus tard au sommet de l’Etna. Mais la première date dont nous soyons vraiment sûrs est l’an 633. Cette année-là, le moine japonais Enno Chokaku fit la première ascension connue du Fujiyama (3776 m), le plus haut sommet du Japon. Mais ne nous affolons pas, les Japonais ne sont pas premiers partout. En Occident, un poète un peu timbré, mais fort sage, fit l’ascension du mont Ventoux le 26 avril 1336 (Pétrarque). Nous avons aussi eu un philosophe du XIVe siècle (Jean Buri) ainsi qu’un chercheur que l’on qualifie encore aujourd’hui, fort modestement, de génie (Léonard De Vinci fit l’ascension du Monboso, dans les Pennines en Grande-Bretagne) qui, grâce à leurs textes, firent connaître au « grand public » les joies de l’alpinisme. L’habit ne fait pas le moine, dit-on, mais d’imaginer un poète retenu du bout des doigts sur la paroi d’une montagne ou un chercheur barbu jouer à « James Bond » sur un surplomb me semble un peu hollywoodien! L’alpinisme naissant ne s’attaquait pas encore aux parois verticales, mais tentait uniquement d’atteindre le sommet.
Les hautes altitudes connurent aussi, durant le XIVe siècle, Boniface Rotario d’Asti, qui atteignit le sommet de Rochemelon (3 557 m) en 1358 pour expier ses péchés (Dieu sait que pour un tel pèlerinage, il dut en avoir). Les Incas, à la même époque, prirent d’assaut le Llullaillaco ( 6 723 m) et de très nombreux autres sommets andins sur lesquels furent retrouvés des vestiges et des momies. Inconnus de tous, les chasseurs de chamois des Alpes, qui souvent chassaient aussi les minéraux rares, se sont certainement aventurés très haut et loin dans les montagnes attirés par l’appât du gain.
Le XVe et le XVIe siècles ne furent pas moins féconds de nouveaux exploits. Tout d’abord, c’est ici qu’à la demande du Roi de France, la première expédition technique, à l’aide de cordes et d’échelles, eut lieu par Antoine de Ville et ses compagnons le 26 juin 1492 (Mont Aiguille, trois mois avant la découverte de l’Amérique). On dit de ces siècles que se sont ceux de la connaissance générale des montagnes. On découvre l’Amérique, et, dès lors, plus rien ne semble impossible aux yeux des aventuriers de l’époque. La recherche de terres inconnues devient presque obsessionnelle, si bien qu’en 1574, Josias Simler publie le premier ouvrage traitant des techniques de l’alpinisme. Déjà, on parle des guides qui marchent devant et qui sondent les crevasses; on suggère des lunettes noires pour le soleil; on traite de vertige, d’avalanches. Mais les plus fervents explorateurs de ces siècles furent sans aucun doute les médecins et les botanistes qui utilisaient dans leurs remèdes des plantes (comme le génépi) qui ne poussent qu’en haute altitude. Ces scientifiques sont suivis de près par les soldats qui ne furent même pas rebutés devant le volcan Popocatépelt (5 452 m, Mexique) dans leur quête de soufre, pour faire de la poudre à canon. Il y eut aussi quelques chercheurs, nouvellement intrigués par l’invention du baromètre et par la preuve ainsi faite de la pesanteur de l’air, qui ont erré sur le flanc des hautes montagnes.
L’alpinisme séduit l’élite!
Et puis vint Rousseau et son culte de la nature au XVIIIe siècle. Grand-père du Romantisme, c’est lui qui modifia enfin la perception des gens à l’égard de l’alpinisme, touchant enfin une société adonnée au raffinement des grandes cours d’Europe. Ainsi, un groupe à la recherche de la « Vallée perdue » viola pour la première fois les cimes du Corazon (4 791 m Équateur) et du Rocher de la Découverte (4 366 m Mont Rose, Italie). Par ailleurs, le plus célèbre sommet atteint à cette époque est sans contredit le magnifique Mont Blanc (4 807 m), devant lequel l’encyclopédiste et savant genevois Horace Benedict de Saussure se buta 25 ans durant. Après tous ces efforts, le 8 août 1786, Jacques Balmat et le docteur Michel Paccard foulèrent enfin le toit de l’Europe. Cette conquête est si bien documentée que des livres entiers y sont consacrés, je vous laisse donc le plaisir de les lire!
Le sommet du Mont Blanc fut atteint de nouveau et d’autres cimes attirèrent bientôt les alpinistes (notons qu’en 1809, la première femme à atteindre le sommet du Mont Blanc est Marie Paradis). En 1821, suite à un grave accident de montagne, la compagnie des guides de Chamonix est fondée. C’est en 1850 que le pyrénéisme naît avec le grand écrivain alpin Ramond de Carbonnières, qui écrivit à ce sujet un récit mystérieux et passionnant qui incita plusieurs hommes à grimper. On connut aussi le baptême de l’Amérique avec le Pikes Peak (4 298 m), et de nombreux autres sommets de 4000 m. Un peu partout sur la planète les sommets tombent : L’Elbrouz, le Finsteraarhorn, le Pelvoux et le Piz Bermina.
Il y eut aussi un naturaliste allemand, Alexandre de Humboldt, qui fit des observations à 5 800 mètres (Chimborazo en Équateur) sur les effets fort désagréables du mal des montagnes. Faute de cobayes, il étudia les effets sur lui-même! Concernant le matériel, le XVIII siècle vit naître les « grappes » (crampons) et les piolets (une hache « un peu plus évoluée » à l’époque). La non-spécificité du matériel de l’époque avait au moins un avantage… tout était encore à faire!
L’âge d’or de l’alpinisme
L’époque de 1850 à 1865 est appelée « l’âge d’or de l’alpinisme », et ce n’est pas peu dire. La science prend congé des montagnes, détrônée nouvellement par l’obsession maladive de « conquérir un sommet ». C’est l’époque des Britanniques, du parfait « gentlemen », oisif et fortuné qui se risque à la paroi bien moins par amour de la montagne que par amour de l’honneur et de la gloire. Peu importe la difficulté, la grandeur, la hauteur ou l’emplacement, les alpinistes de cette époque n’aspiraient qu’à dévirginiser une montagne. Ainsi, bien des bas sommets des Alpes furent foulés et plusieurs 4000m aussi. En fait, c’est près de 180 sommets majeurs qui seront conquis en 11 années.
Ainsi, le Cervin, véritable montagne imprenable aux yeux des alpinistes de l’époque, est conquit le 14 juillet 1865, non sans avoir coûté la vie à de nombreux grimpeurs avant sa conquête, mais aussi après! Pour terminer, je ne citerai que le nom du grimpeur hors pair Edward Whymper qui, dans un contexte compétitif difficile, soutenu par un autre alpiniste impressionnant, J.A. Carrel, vint à bout du Cervin. En effet, cette expédition fut lourde de conséquences puisqu’elle coûta la vie à quatre des six compagnons. Pour comprendre cette tragédie, il faut rappeler qu’à l’époque, les 6 grimpeurs étaient retenus ensemble par la même corde de chanvre. La chute d’un des débutants de la cordée de Whymper entraîna le reste du groupe et les deux rescapés durent la vie à la fragilité de la corde qui céda sous le choc. La leçon fut retenue et la progression d’une cordée en escalade rocheuse devint différente de celle sur un glacier. Mais la mort de ces quatre hommes eut un énorme retentissement, et l’alpinisme mit bien 10 ans à s’en remettre. Un seul grand sommet restait à atteindre dans les Alpes, celui de la Meije, que Castelnau assujettit en 1877. C’est la fin des grandes expéditions de riches bourgeois, la montagne se démocratise.
Exploration des grands massifs du monde
Jusqu’à la première grande guerre, la technique progresse beaucoup. Les crampons devinrent plus légers, les manches des piolets rétrécirent, et on inventa les pitons à une pièce, les mousquetons, les pendules, la double corde, le tamponnoir, en plus d’élaborer les techniques du rappel horizontal. Whymper, une fois remis du drame du Cervin, inaugura l’alpinisme extra-européen avec l’ascension complète du Chimborazo (6 310 m). Deux originaux, Wilhem Paulcke et Wilhem Lohmüller, traversèrent l’Oberland du Grimsel à Belalp dans un premier raid à ski.
Un solitaire, Matthias Zurbriggen, parvint seul en 1898 au sommet de l’Aconcagua (6 960 m), le plus haut sommet américain. Si, quelques années plus tôt, nous nous émerveillions devant les « 4000 mètres», le premier sommet dépassant 7000 mètres fut atteint en 1907. Ce nouveau record fut brisé en 1922 lorsque Finch et Bruce atteignirent 8 326 mètres sur l’Everest (avec de l’oxygène), soit à peine 100 mètres de plus que leurs deux prédécesseurs, Mallory et Somervell (morts dans leur tentative sans oxygène). Ça y est, l’Everest était découvert et la course pour sa conquête lancée. La deuxième guerre mondiale éclate alors que les tentatives allemandes se succèdent (voir le film 7 ans au Tibet) et le plus haut de tous les sommets du monde restera vierge. Mais personne n’avait prévu que tant de grimpeurs, s’acharnant pour leur patrie (ou celle des autres!), en reviendraient amputés ou handicapés. Le défi semblait insurmontable.
Dans la même foulée, l’on doit à trois prospecteurs de Fairbanks la conquête du MacKinley grâce à l’argent fourni par le propriétaire d’un saloon! Le duc des Abruzzes, à qui l’on doit de nombreuses expéditions de par le monde, conduit une lourde expédition au K2 où il atteint 7500 m en 1909.
L’alpinisme patriotique!
L’époque de l’entre-deux guerres prouve sans contredit la valeur incontestée de l’alpinisme austro-germano-italien. C’est d’ailleurs à eux que revinrent les événements les plus importants de 1918-1939, soit la résolution des deux plus grands problèmes alpins grâce aux étriers, aux escarpolettes et aux bivouacs accrochés au plafond des surplombs élaborés par Emilio Comici, grâce aussi aux pitons, à une avancée remarquable dans l’auto-assurage et dans les moyens de progression mais, surtout, grâce aux nouvelles chaussures. En 1921-22 le colonel Howard-Bury atteint avec son expédition 8320 m sur l’Everest. En 1924, Goerge Mallory et Andrew Irvine disparaissent au delà de 8470 m laissant pour toujours planer l’incertitude sur leur réussite du sommet. Le corps de Mallory, découvert récemment n’a pas permis de résoudre le mystère.
En 1930, le premier mur d’escalade pour la pratique est ouvert aux Gaillands, près de Chamonix. À cette époque, les voies peuvent être faites en bottes à clous, mais on commence à privilégier les semelles de corde ou de drap! Des grimpeurs fréquentent les sites des Calanques et de Fontainebleau et Varappe près de Genève; la scission entre l’escalade et l’alpinisme débute. L’utilisation des pitons ouvre la voie aux sommets les plus durs. Les Italiens et les Allemands ne se gènent pas pour les utiliser.
La face Nord des Grandes Jorasses est surmontée en 1935 (les grimpeurs dépassent le 6ième degré, 5.9). L’Eiger, que tous s’entendent pour qualifier de paroi abominable (un temps sec rend possible la première moitié et suicidaire le dernier tiers alors qu’un temps humide interdit par le bon sens d’escalader la première partie tout en étant plus miséricordieux pour le reste) est vaincue au prix de nombreuses vies. Mais, malgré la malveillance de la montagne, c’est une époque où les Allemands, les Autrichiens et les Italiens, déchirés par la première guerre, cherchent à valoriser leur propre peuple par des exploits de cette envergure. Bien entendu, le patriotisme a évolué et il existe encore aujourd’hui. Par contre, même si les photos sont encore prises avec un drapeau, les gouvernements n’ont plus avantage à investir dans ces exploits maintenant que « tout » a été fait.
L’époque contemporaine : haut niveau technique et nouvelles tendances
Au début des années 50, les expéditions vers les 8000 mètres reprennent. De 1950 à 1960, en 10 ans seulement, treize des quatorze « 8000 » du monde sont vaincus. Les cordes en nylon sont inventées, de nouveaux alliages plus résistants et plus légers sont mis sur le marché, les vestes en duvet, les anoraks, les cagoules… bref, tout le matériel lourd et inconfortable est donné aux musées. Les techniques changent au fur à mesure que les expéditions expérimentent de nouvelles idées et l’Annapurna est finalement vaincu par les Français en 1950 (de nombreuses amputations pour les « guerriers »).
Tombent bientôt l’Everest (en 1953), le Nanga Parbat (en 1953), le K2 (en 1954), et bien d’autres. Ce qui est triste, c’est que toutes ces géantes ont cédé pour des alpinistes souvent mus par un nouvel objectif : faire la « Une » des journaux. Pour certains, l’attrait de la célébrité entraîne une chose bien plus triste encore et qui suscite encore des débats : l’utilisation des pitons. Avec cette nouveauté, les grimpeurs, de plus en plus « paresseux », mettent des pitons partout, même là où, bien des années auparavant, on montait sans protection.
Ainsi, lorsqu’on se mit à compter les pitons qu’il y avait sur la face Est du Grand Capucin et qu’on en dénombra 500, soit près d’un piton par mètre, on commença à se questionner sur le bien fondé de ce pitonnage à excès. Nous étions bien loin d’Armand Charlet, qui parcourait des distances de 30 à 40 mètres en chaussures à clous, et sans pitons d’assurage! On se questionna alors sur la philosophie de l’alpinisme, en prenant pour modèle celle d’antan qui voulait que l’alpinisme soit l’union seule entre « l’homme et la montagne ». Mais il semblait, pour les alpinistes de l’époque, qu’une union ne pouvait être faite sans quelques sacrifices… de la part de la montagne.
Les décennies qui suivirent ( les grands sommets étant tous déjà endimanchés d’un joli drapeau ou d’un buste d’une divinité quelconque) furent les années des « nouveaux jeux », d’un alpinisme contemporain typique de la nouvelle influence californienne. L’ascension devient plus importante que le sommet dans l’esprit des alpinistes, c’est l’ère de la conquête de la haute difficulté, en Himalaya particulièrement (himalayisme contemporain).
Plusieurs nouvelles voies furent ouvertes, de plus en plus difficiles, grâce aux nouvelles avancées technologiques, comme les crampons réglables et les piolets à manche métallique dont la lame s’incline pour mieux se coincer dans la glace, ainsi que les perceuses électriques (oui, vous avez bien lu. Dans les trous, on met des plaquettes pour s’assurer). Vive la nature!
Tout devenait possible, même « l’au-delà de la verticale », pour tracer les directissimes (voies en ligne droite vers le sommet), ou les « hivernales » haussant de beaucoup le degré de difficulté des parois qui s’escaladaient couramment auparavant. L’alpinisme solitaire devint plus à la mode, même s’il existait depuis longtemps déjà. Le « hic », c’est qu’en devenant ainsi « à la mode », le traditionnel solo d’antan devint une course effrénée devant hélicoptères et caméras. L’éthique est de retour; cela correspond-il à la définition d’un « solo » intégral que d’être assisté par des milliers de téléspectateurs? Eux qui rendraient responsables les médias de ne pas être intervenus en cas d’accident? Après « Le livre tuera l’Église », dont s’est tant outré Victor Hugo, dans son Notre-Dame-de-Paris, la nouvelle maxime d’un peuple fut : « Le matériel tuera l’aventure » .
C’est aussi depuis la fin des grandes conquêtes que les alpinistes se sont vraiment divisés dans leur centre d’intérêt. Certains revinrent à une escalade propre et libre (escalade en libre), comme l’Italien Casimido Ferrari et les Hongrois Peter Dékàny et Attila Ozsvàth, qui gravirent pour la première fois « proprement », et respectivement, le Cerro Torre, et le Garhwal, deux des sommets les plus difficiles du monde. D’autres, quant à eux, préféraient les enchaînements loufoques (Montée, puis, ski extrême à la descente et saut en deltaplane au milieu de la montagne. Rien n’est trop beau!), ou même les enchaînements de grandes parois.
Le plus célèbre d’entre tous fut probablement Reinhold Messner, qui fut le premier à faire l’ascension des quatorze « 8000 » soit l’Annapurna, le Broad Peak, le Cho Oyu, le Dhaulagiri, l’Everest (en solo, et sans oxygène!), le Gasherbrum II, le Hidden Peak (pour la première fois, en « technique alpine », soit sans porteurs d’altitude, sans camps intermédiaires, sans cordes fixes, et d’une seule traite), le K2, le Kangchenjunga, le Lhotse, le Makal, le Manaslu, le Nanga Parbat et le Shisha Pangman, qui cédèrent l’un après l’autre sous ses crampons jusqu’en 1986. Il réalisa la première de l’Everest sans oxygène.
Le ski extrême marque ses débuts dans les Alpes approximativement en 1967. Plus les années avancent, plus les pentes s’inclinent. De 40 degrés au milieu du siècle, on ira répertorier dans les livres des descentes jusqu’à 65 degrés (actuellement, probablement vers les 70 degrés). De plus, pour la première fois en 1991, un nom féminin est cité dans les 100 dates clés de l’alpinisme à retenir. Catherine Destivelle, qui ne fit rien de plus que ce que les hommes avaient fait auparavant, ouvrit la voie aux autres femmes, qui ne tarderont pas, à peine quelques années plus tard, à inscrire leurs noms aux côtés d’exploits faits par des hommes.
L’activité continue à se développer et les tendances sont toutes de plus en plus folles. Escalade de glace, « dry tooling », mixte, escalade artificielle, bloc, compétition… La difficulté atteint aussi des sommets incroyables avec un 5.15 par Chris Sharma en l’an 2000.
Il serait fort naïf de croire que l’alpinisme a évolué ainsi, tout bonnement. Les grimpeurs ne sont pas simplement partis gravir une montagne, l’ont redescendue, et ont inscrit leurs noms dans les pages de l’histoire. Des corps se sont perdus dans la tempête, d’autres sont encore pendus aux bouts de cordes sur les flancs des montagnes meurtrières. Des hommes sont morts de fatigue, morts gelés, morts ensevelis. Des cordées ont rebroussé chemin souvent devant la vision de corps qui avaient été trahis par la montagne qu’ils aimaient tant, et de nombreux exploits ont été ternis par des deuils difficiles à surmonter. Mais pour les alpinistes, rien ne vaut ce risque immense qu’ils prennent, cet ultime sacrifice auquel ils consentent pour surmonter les défis. Ils acceptent ce risque là où l’erreur, le mensonge, et la trahison ne pardonnent pas.